Les orientations générales de ce guide d’aide à l’action répondent à la conscience croissante d’une inscription dans le long terme de l’épidémie liée au SARS-CoV-2, nécessitant une évolution des approches préventives vers la mobilisation massive de stratégies de réduction des risques (RdR) telles qu’elles ont pu être mobilisées avec succès dans certains champs de la santé publique. Il s’inscrit dans une démarche de promotion de la santé visant notamment à rejoindre les populations les plus éloignées du système de santé et à réduire les inégalités sociales.

  Gestion de l’épidémie de Covid-19 : place de la réduction des risques en tant que stratégie de promotion de la santé de la santé, guide d’aide à l’action

Modalités de réalisation du document

Un groupe de travail pluriprofessionnel interne à la Fnes et à son réseau a été mis en place pour réaliser le projet. Plusieurs experts ont également été sollicités pour une aide dans l’identification des ressources les plus pertinentes et la relecture de différentes versions du document :

  • Françoise Jabot (École des hautes études en santé publique de Rennes) ;
  • Johanne Laguë (Institut national de santé publique du Québec)
  • Lise Laplante (Ecole de santé publique, Université de Montréal)
  • Stéphanie Pin, Christina Akré, Karim Boubaker, Éric Masserey (Direction Générale de la santé du Canton de Vaud) ;
  • Murielle Bochud & Jacques Cornuz (Centre universitaire de médecine générale et de santé publique de Lausanne – Unisanté) ;
  • Jeanine Pommier (European Centre for Disease Prevention and Control) ;
  • Marine Gaubert (Fédération Addiction).

Une analyse de la littérature a été réalisée en décembre 2020, permettant d’identifier et d’explorer :

  • Des revues de littératures systématiques et articles scientifiques portant sur des interventions en promotion de la santé dans le cadre de réponses à des épidémies ;
  • Des évaluations d’interventions mises en œuvre lors de la première vague de l’épidémie de Covid-19 ayant fait l’objet de publications, ou a minima, de rapports structurés ;
  • Des référentiels et articles stratégiques élaborés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), la Croix-Rouge, ainsi que d’autres organismes et experts appartenant à une diversité de disciplines scientifiques.

Ces ressources ont été sélectionnées parmi les documents identifiés dans les répertoires Covid-19 de l’organisation Cochrane, de la London School of Hygiene and Tropical Medecine (LSHTM) et de l’European Center for Disease Control (ECDC). Des ressources partagées par les experts associés à ce travail ont également été prises en considération.

 

Intentions et finalités

Ce que vise le document

  • Un plaidoyer pour l’approche de réduction des risques dans la gestion de l’épidémie de Covid-19 ;
  • La prise en compte des risques « collatéraux » directement issus des mesures décidées pour prévenir les risques sanitaires d’origine infectieuse : psychologiques, sociaux, économiques, renoncement aux soins… Cette démarche s’inscrit dans la définition de la santé de l’OMS ;Tous ces risques apparaissent interreliés et positionnés dans une dynamique cyclique, où les risques psychosociaux deviennent eux-mêmes des déterminants de la prise de risque. En effet, une considération insuffisante des risques collatéraux entraîne/favorise la « fatigue épidémique » (OMS) qui elle-même entraîne/favorise des prises de risques ponctuelles, le délaissement voire le rejet des gestes barrières et des comportements de protection. Elle suscite également l’émergence de comportements transgressifs. Les risques pris par les individus ont pour conséquence une dégradation des indicateurs épidémiques qui entraîne un durcissement des mesures sanitaires sans prise en compte des réalités des personnes… soit un enchaînement cyclique dommageable à la santé de tous. Les personnes adaptent leur comportement aux risques auxquels elles sont confrontées et sont souvent contraintes à procéder à des arbitrages. Le risque de contracter le SARS- CoV-2 peut être perçu comme présentant des conséquences moins dommageables que le risque de subir les effets collatéraux liés aux mesures sanitaires comme la dégradation de la santé mentale ou la perte du lien social. L’inscription de l’épidémie dans la durée et la probable reproduction des situations épidémiques dans l’avenir nécessitent de changer de paradigme pour entrer dans un cercle vertueux tenant compte de deux leviers nécessaires au changement de comportement :
    • L’outillage des personnes pour un arbitrage des risques auxquels elles sont confrontées (empowerment),
    • La prise en compte des contraintes contextuelles (les risques collatéraux, l’environnement) lors de la décision politique pour permettre l’acceptabilité et l’applicabilité des mesures sanitaires ;
  • L’intégration des mesures anti-Covid-19 dans une vision globale de promotion de la santé dépassant l’approche biomédicale qui a prévalu depuis le début de l’épidémie ;Elle passe par la prise en compte des multiples déterminants des comportements de santé, un renforcement de l’autonomie et de l’auto-détermination, une visée émancipatrice basée sur la confiance réciproque entre les décideurs et la population, la création d’environnements favorables à la mobilisation du pouvoir d’agir des individus afin qu’ils s’approprient la réduction des risques Covid-19 dans leur quotidien (ex : « j’invite ma famille à manger, comment réduire les risques », « je pars en vacances, comment réduire les risques », etc.), le développement des compétences de chacun à estimer le niveau de risque de la situation dans laquelle il se trouve et à adopter les comportements de réduction des risques les plus adaptés à cette situation ;
  • L’aide à la décision et à l’action ;
  • L’ouverture du dialogue entre les décideurs, les acteurs et la population, dans une vision de responsabilités partagées.

Ce que ne vise pas le document

  • La décision à la place des décideurs : il permet de fournir des éléments facilitants, en amont des décisions ;
  • Avoir un impact direct sur le système de soin ;
  • Mettre à disposition un catalogue exhaustif des interventions.

 

Public destinataire

Le document vise une diffusion large n’incluant pas le grand public, en tout cas dans son format actuel. Il s’adresse :

  • À l’ensemble des acteurs de la santé publique et en particulier ceux de la promotion de la santé ;
  • Aux acteurs relais en contact direct avec la population (comme les médiateurs, « ambassadeurs », pairs aidants… mais aussi les professionnels de la santé, de l’éducation, du travail social et médicosocial…) ;
  • À l’ensemble des décideurs concernés : décideurs nationaux, Agences régionales de santé, collectivités territoriales, responsables de structures publiques ou privées (directions d’établissements, chefs d’entreprise…).
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